Comment transformer la repentance en excuse sans excuse ?

Il semble que ce soit un événement presque quotidien aux nouvelles.

Une personnalité publique a fait ou dit quelque chose qui transgresse une règle morale significative pour beaucoup de gens. Elle essaie de faire une déclaration qui exprime la contrition (pour donner satisfaction à ceux qui se sont sentis lésés) tout en n’admettant pas, en fait, avoir fait quoi que ce soit de mal (et conservant ainsi sa crédibilité publique). Cette solution est l’excuse sans excuse ou fausse excuse, la posture du « désolé de ne pas être désolé. » Les gens diront : « Je suis désolé du fait que des gens ont été blessés par ce que j’ai fait, » ou « des erreurs ont été faites. » Il y a un certain sens de tristesse, mais rien qui se rapproche de la reconnaissance d’une faute concrète.

Une telle réponse, si courante, aux accusations qu’on peut porter sur nous pour avoir mal agi peut commencer à devenir notre fait instinctivement. Cela peut devenir un réflexe à chaque fois que quelqu’un nous fait part d’un grief contre nous. Et, de ce fait, cela peut aussi devenir un réflexe quand il s’agit de nos relations avec Dieu. Inévitablement, passer du temps dans les Écritures nous exposera à l’appel de Dieu à la repentance. Jésus lui-même a dit que la réponse appropriée à sa venue était de « se repentir et de croire en l’Évangile » (Marc 1:15). Des excuses qui ne sont pas des excuses semblent faire l’affaire de beaucoup de gens ? Cela pourrait-il aussi faire l’affaire de Dieu ?

Mais si nous essayons d’exprimer de la contrition, alors qu’en fait nous restons sur la défensive dans nos cœurs, en réalité nous ne nous repentons pas. La vraie repentance est une profonde tristesse et non une apparence de tristesse qui ne mène à aucun changement authentique. Une apologie non-apologique pourrait désamorcer une situation avec quelqu’un d’autre ; cela ne fera rien pour éloigner Dieu de notre affaire.

Le roi David nous donne un exemple très clair de cela. Il avait péché sérieusement en convoquant Bathschéba pour qu’elle couche avec lui, péchant ainsi contre elle et son mari (qu’il a plus tard tué). David s’en est rendu compte dans le Psaume 51.

Si nous voulons éviter une vraie repentance et nous cacher derrière des excuses qui ne sont pas des excuses, nous devrons faire le contraire de ce que nous voyons David faire ici. Nous devrons faire quatre choses.

1. Ne pas appeler pas le péché péché.

David admet que ce qu’il a fait est péché. Pas seulement non-idéal ou imparfait, mais réellement mauvais. Il existe une réelle ligne de démarcation éthique et David sait qu’il l’a transgressée : « Car je reconnais mes transgressions et mon péché est constamment devant moi » (Ps. 51:3).


Si nous essayons d’exprimer de la contrition, alors qu’en fait nous restons sur la défensive dans nos cœurs, en réalité nous ne nous repentons pas.

Il n’y a pas d’enrobage en sucre. Il n’appelle pas cela un « faux pas » ou un « trébuchement ». Ce qu’il a fait est « mal » aux yeux de Dieu (v. 4). Il ne décrit pas non plus les choses à la voie passive : « une transgression a été commise ; un péché est arrivé. » Il n’y a ni esquive ni tentative de mélanger les choses. Il avait la direction de l’action et il a eu tort.

2. Affirmer qu’il s’agit juste d’une question d’apparence.

Quand le mal fait par quelqu’un est exposé, il est courant de l’entendre dire : « Je ne sais pas ce qui m’est arrivé ; ce n’est pas ce que je suis réellement. »

David dit le contraire : « Voici j’ai été conçu dans l’iniquité et ma mère m’a conçu dans le péché » (Ps. 51:5).

Le point fondamental que David souligne est clair : ce qu’il avait fait n’était qu’une manifestation extérieure de ce qui était profondément en lui. Il avait commis adultère parce qu’il était, dans son cœur, un adultère. Il mentait parce qu’il était, dans son cœur, un menteur. Il avait commis le meurtre parce qu’il était, dans son cœur, un meurtrier. David comprenait que c’est une question de cœur, et non une aberration comportementale ponctuelle. Il avait fait ce qu’il avait fait parce que son cœur était comme il était.

Nous avons tendance à penser que ce que nous sommes, profondément en nous, est fondamentalement bon. Bien sûr, nous savons que nous ne faisons pas tout correctement. Mais c’est tout autre chose que d’admettre qu’il y a quelque chose de fondamentalement mauvais en nous, au plus profond de nous-mêmes. C’est pourtant ce sur quoi Jésus insiste pour que nous nous y confrontions. En une occasion, il émet ce diagnostic inconfortable : « Car du cœur viennent les mauvaises pensées, le meurtre, l’adultère, l’immoralité sexuelle, le vol, le faux-témoignage, la calomnie. Voilà ce qui souille une personne » (Matt. 15:19–20).

Jésus dresse la liste des symptômes de ce qui ne va pas en nous – nos cœurs. Nous avons de mauvaises pensées à cause de ce que sont nos cœurs. Nous volons et mentons à cause de ce que sont nos cœurs. Et nous faisons mauvais usage de la sexualité humaine (la notre et celle des autres) à cause de ce que sont nos cœurs. À moins que nous ne reconnaissions cela nous ne nous comprendrons jamais nous-mêmes.

Pour nous chrétiens, maintenant habités par le Saint-Esprit, nous goûtons l’assurance que nos cœurs ne sont plus ce qu’ils étaient (Rom. 8:9). Nous avons une nouvelle nature. Mais nous devons aussi reconnaître que nous n’avons pas encore abandonné notre nature pécheresse, et qu’il y a encore du péché dans nos cœurs. Nous devons confesser non seulement ce que nous avons fait, mais aussi ce que nous sommes.

3. Ne reconnaître que les conséquences humaines du péché.

Nous pourrions être obligés de nous résigner à admettre le mal que nous avons fait aux autres. Mais nous pouvons encore le minimiser en suggérant que nous n’avons fait de mal qu’à une ou deux personnes. Elles seules ont été touchées – personne d’autre. Ce n’est pas grave : ce sont elles le problème, ce qui pourrait (nous le suggérons) en dire plus sur elles que sur ce que nous avons fait.


Nous devons confesser pas seulement ce que nous avons fait, mais ce que nous sommes.

À nouveau, David nous montre une voie différente. Alors qu’il mesure la gravité de son péché, il écrit ces mots :

Contre toi, toi seul j’ai péché

et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux,

de sorte que tu seras justifié dans tes paroles

et sans reproche dans ton jugement. (Ps. 51:4)

À première vue, on pourrait croire que David passe sur les conséquences humaines de son péché, mais c’est le contraire qui se produit.

Les maux commis par David contre Bathschéba sont nombreux et sérieux : il l’a convoitée, il l’a violée, il l’a rendue veuve, il lui a ôté la vie dont elle profitait. Mais la raison pour laquelle ces torts contre elle sont si importants c’est qu’ils sont, avant tout, des torts contre Dieu. Tout péché est, en fin de compte, contre lui. Bathschéba était quelqu’un que Dieu avait créé, à son image. Une violation contre elle est une violation contre lui. Faire du tort à quelqu’un est une offense contre Celui qui l’a créé.

4. Rester loin de Dieu.

Pour éviter la vraie, la profonde repentance, nous avons besoin de ne pas regarder Dieu dans les yeux. Il pourrait nous démasquer. La seule voie pour pouvoir rester dans notre illusion de justesse ultime est de garder une distance prudente.

Mais David a découvert qu’en acceptant de reconnaître le péché, il était en fait plus en sécurité en venant à Dieu :

Aie pitié de moi, O Dieu,

selon ton amour inébranlable ;

et selon ton abondante miséricorde

efface mes transgressions. (Ps. 51:1)

David avait vu, d’après ses propres relations avec Dieu et celles de son peuple, que son Seigneur est vraiment gracieux et compatissant, plein de fidélité et d’amour. Et c’est dans la vie de Jésus que cela apparaît le plus clairement. Lorsque nous lisons les quatre Évangiles, il est impossible de ne pas voir le genre de Dieu que Jésus nous révèle – un Dieu qui ne prétend pas que nous sommes meilleurs que nous le sommes, ou qui ne nous gronde pas simplement parce que nous sommes comme nous sommes, mais qui, de façon étonnante, s’introduit dans notre réalité et prend sur lui toutes nos faiblesses.

C’est le cœur de la foi chrétienne. À cause de ce que Jésus a fait, on peut enfin être sûr d’être pleinement connu de Dieu. Nous n’avons pas besoin de nous cacher. Il n’est pas nécessaire de tenter de contourner la réalité. Nous pouvons confesser les pires choses dans notre cœur, profondément et librement, car il nous aime et est désireux de pardonner.

Traduit de : How to Turn Repentance Into a Non-Apology Apology

Sam Allberry est éditeur pour The Gospel Coalition et un prédicateur international de Ravi Zacharias International Ministries. Il est l’auteur d’un certain nombre de livres dont Is God Anti-Gay? (Dieu est-il anti-gay?) et 7 Myths About Singleness (7 mythes autour du célibat). Vous pouvez le suivre sur Twitter.

Source : https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/comment-transformer-la-repentance-en-excuse-sans-excuse/

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